Les personnalités limites, un livre de JM Fourcade, et interview sur les pervers narcissiques

JM Fourcade

Jean-Michel Fourcade, pionnier des psychothérapies intégratives, livre dans cet ouvrage une étude sur les personnes sujettes à des débordements émotionnels incontrôlés.

La société occidentale moderne semble abriter de plus en plus de personnalités dites limites, ou « borderline ». Qu'est-ce à dire ?

Ces personnes oscillent entre différents états émotionnels : la rage, la colère, l'exaltation ou le désespoir, sans qu'il leur soit possible de se contrôler. Elles perdent ainsi toute réserve en laissant s'exprimer de manière souvent virulente leurs émotions, qu'elles soient négatives ou positives.

Souvent qualifiées «d'hypersensibles», «d'écorchés vifs», «d'hypernerveux», l'un des traits saillants de ces individus réside dans cette incapacité à maîtriser leurs débordements émotionnels.

Cet état les empêchant de vivre normalement leur existence, entraînant le plus souvent frustration, intolérance, mésestime de soi, et des rapports souvent complexes avec leur entourage.

Pour autant, comment identifier « les personnalités limites » ? A partir de quel moment le renversement s'opère ? Comment parvenir à réguler ces émotions de manière satisfaisante ?

Telles sont les questions auxquelles l'auteur répond, en s'attachant à décrire les traits caractéristiques de ce trouble, à travers une série de portraits concrets de « patients limites » : personnes jugées trop émotives, trop impatientes, ou sujettes à des addictions violentes, etc.

Une fois ces cas présentés, Jean-Michel Fourcade nous en explique les origines puis propose différentes solutions thérapeutiques : thérapies comportementales et cognitives, thérapies régressives, thérapies de groupe, etc. , qui présentent toutes un grand intérêt pour les «patients limites».

Plus encore qu'une analyse fi ne et détaillée sur la notion de « personnalité limite », l'ouvrage de Jean-Michel Fourcade interroge sur l'évolution de cette notion avec le temps et l'évolution de la société :
« On peut ainsi comprendre que la personnalité limite est l'état psychique normal de l'homme hypermoderne.

Nous passons alors des notions de pathologie, de patient limite « accro », à la compréhension que notre société ainsi que les modes d'éducation actuels créent des « personnalités limites normales... »

L'auteur : Jean-Michel Fourcade est docteur en psychologie clinique, psychanalyste et psychothérapeute. Il a fondé la Nouvelle
Faculté Libre (NFL), école formant des psychothérapeutes.

Pionnier des psychothérapies intégratives, il est en outre président de L'AFFOP (Association Fédérative Française des Organismes de Psychothérapie) et enseigne les nouvelles psychothérapies (AT, Gestalt, Bio-énergies, etc.)

personnalités limites

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Interview du journal Le Figaro

Le Figaro

 

 

 

INTERVIEW - Pour Jean-Michel Fourcade, docteur en psychologie clinique, les narcissiques organisent toute leur vie de façon à satisfaire une image idéale d'eux-mêmes.

LE FIGARO. - Comme la plupart de vos confrères, vous affirmez que les personnalités narcissiques seraient de plus en plus nombreuses. Comment expliquez-vous une telle prolifération ?

Jean-Michel FOURCADE. - Elle renvoie à l'actuelle augmentation du nombre de personnalités «borderline» que j'analyse dans mon dernier livre. Sont dites «limites» ces personnes qui, pour fonctionner psychiquement et dans la vie courante, ont besoin de se greffer sur «un autre». Cet autre indispensable, qui est en quelque sorte un soi auxiliaire, peut être une personne, mais aussi une entité, un groupe, un produit addictif… Pour les narcissiques, l'autre indispensable, c'est leur image idéale d'eux-mêmes. Celle-ci prend toute la place et commande tout dans leur vie : ils sont à la recherche de ceux qui nourriront cette image, évitent ceux qui pourraient la critiquer. Ils mettent toute leur énergie à l'idéalisation et à la valorisation d'eux-mêmes. Bien sûr, nous avons tous besoin d'une bonne estime de nous-même, mais cette recherche devient pathologique lorsqu'elle est le moteur de toutes nos actions.


Pourquoi une telle obsession de soi ?


Elle est une manière de masquer une certaine fragilité narcissique justement. Ce que nous appelons un mécanisme de défense. Le déni de leurs limites, l'évitement des relations «dangereuses» qui pourraient les confronter, la réinterprétation partielle de la réalité dans un sens qui leur est toujours favorable en font partie.

Pour l'entourage, ces mécanismes doivent être assez pénibles. Comment se comporter avec un narcissique ?

Il est en effet difficile d'avoir des échanges équilibrés avec de telles personnalités ! Ils ne renvoient guère l'ascenseur et ne pensent qu'à ce qui les intéresse eux-mêmes, c'est-à-dire à ce qui va leur apporter quelque chose dans l'édification de leur réussite. Devant un tel manque d'intérêt réel et d'empathie, les personnes qui les entourent peuvent se sentir utilisées et fuir… Si elles restent, leur problème sera de bien gérer l'équilibre entre une valorisation régulière de leur partenaire, si nécessaire, et les points sur lesquels ils ont une critique à faire, ou un conseil à donner. Si l'on confronte un narcissique, ou bien il balaye la critique qu'on lui fait d'un revers de la main, ou bien il risque de s'effondrer car il vit toute critique comme une agression.

Mais, armés de toutes leurs ambitions, les narcissiques ne sont-ils pas aussi ceux qui réussissent ?

Oui, socialement ils s'imposent comme artistes, ou hommes de pouvoir, font de grandes carrières… Leur problème, c'est que leur succès n'est évalué qu'au regard des autres. Ce n'est pas une réussite qu'ils apprécient pour eux-mêmes, dans leur for intérieur. Ainsi, nous voyons arriver dans nos cabinets de consultation de plus en plus de narcissiques violemment ébranlés par une crise des «50-60 ans». La vie à ce moment de nos vies vient souvent nous rappeler nos limites : la maladie, la mort, le vieillissement… autant de réalités que le narcissique a tout fait pour éloigner de lui, mais qui malgré tout lui explosent à la face. Comme dit l'un de mes collègues : «Ils passent vingt ans à courir pour réussir et les vingt ans qui suivent, ils les passent à se demander pourquoi ils ont tellement couru !»