Vers une supplémentation en protéines efficace et respectueuse de l’environnement

Santé Intégrative 40

Par Emmanuel BARRAT, Docteur es Sciences en Physiologie des Organismes

Une complémentation en protéines peut être nécessaire lorsque les apports sont insuffisants ou les besoins augmentés (seniors, sportifs, convalescents, etc.). Toutes les formes de protéines ne se valent pas d’un point de vue nutritionnel, métabolique et environnemental. Alors comment bien choisir ?

DES PROTÉINES, POUR QUI ? POUR QUOI ?


Un apport quotidien en protéines est indispensable pour compenser les besoins et les pertes de l’organisme. Les protéines sont digérées en acides aminés, qui sont ensuite absorbés et utilisés par nos cellules pour synthétiser de nouvelles protéines : muscle, transporteurs, récepteurs, enzymes, neuromédiateurs etc.

Chez l’adulte sédentaire, les apports alimentaires doivent compenser les pertes. On considère que les besoins azotés sont couverts chez la majorité des adultes par un apport journalier de 0,8 g de protéines de bonne qualité par kilo de poids corporel. C’est-à-dire 52 g de protéines pures pour un adulte de 65 Kg.

En phase de croissance (enfant, femme enceinte, renforcement musculaire), les protéines sont également utilisées pour la synthèse de protéines musculaires et structurales (os, tendons, tissus, etc.). Les besoins sont donc augmentés à 0,9 g/Kg pour les enfants, adolescents et femmes enceintes et à 1,4 g/Kg pour les femmes allaitantes.


Chez le sportif, les besoins sont dépendants de l’intensité et de la durée de l’effort. Les acides aminés, issus des protéines musculaires, sont utilisés comme source d’énergie lors des efforts prolongés, créant un déficit de la synthèse protéique. Une complémentation en
acides aminés branchés au cours de l’effort prolongé, et en protéines de bonne qualité immédiatement en fin d’exercice, est associée à une augmentation de la synthèse protéique, et in fine de la masse maigre et de la force musculaire.


Chez la personne âgée, les besoins augmentés en protéines sont surtout liés à l’état de santé de l’individu. L’âge semble un facteur secondaire, bien qu’un certain nombre d’études montrent que la capacité de synthèse protéique est ralentie chez les seniors. L’une des
conséquences du vieillissement est la fonte musculaire, ou sarcopénie, qui se manifeste dès 30 ans chez l’homme (de 5 à 12 Kg entre 30 et 70 ans). La femme est relativement protégée jusqu’à la ménopause, mais les pertes musculaires peuvent atteindre 4 à 8 Kg entre 50 et 70 ans. Un apport en protéines, couplé ou non à de l’exercice physique de type résistance (et non endurance), permet d’augmenter la masse et la force musculaires


LA QUALITÉ NUTRITIONNELLE DES PROTÉINES


La qualité nutritionnelle d’une source de protéines dépend de :


• sa richesse en acides aminés indispensables (AAI), que l’organisme ne peut synthétiser,
• son équilibre d’apport (proportions relatives) en AAI,
• sa biodisponibilité (digestibilité, vitesse de dégradation, facteurs antinutritionnels),
• l’effet plus ou moins bénéfique des autres constituants de l’aliment (matière grasse, minéraux, etc.).

 
D’une manière générale, les protéines d’origine animale sont plus digestes et présentent un meilleur profil en acides aminés que les sources végétales. Cependant, leur qualité nutritionnelle peut être impactée par les effets néfastes d’autres constituants. Ainsi, les produits carnés et laitiers apportent de fortes quantités de matières grasses saturées.

Les grandes études épidémiologiques ont montré une association entre la consommation de protéines animales et le risque de surpoids, d’obésité, de fractures osseuses ou encore de diabète indépendamment des apports en matières grasses saturées, contrairement à la consommation de protéines végétales. Enfin, il a été montré que l’incorporation de protéines végétales, à hauteur de 30% des apports protéiques, améliore la biodisponibilité des acides aminés, par rapport à une source protéique purement animale.

Concernant les sources purifiées de protéines, deux sont particulièrement intéressantes : les protéines de lactosérum (petit lait) et les protéines végétales de pois. Les protéines de lactosérum, obtenues après précipitation des caséines (des protéines nutritionnellement peu intéressantes), sont très digestes et leur profil en AAI se rapproche des besoins de l’homme. Une complémentation en protéines de lactosérum (15 à 20 g/j) est associée à une augmentation de la masse musculaire et pourrait participer à la réduction de facteurs de risques cardiométaboliques. Les protéines de pois, si elles sont correctement préparées,
sont quant à elles digestes et présentent un profil en AAI équilibré.

Par ailleurs, les protéines végétales de soja ne semblent pas présenter un rapport bénéfice/risque optimal du fait du risque d’altération des fonctions sexuelles et thyroïdiennes. Enfin, les caséines laitières sont décriées par certains, car leur consommation est associée à l’élévation d’un facteur de croissance (IGF-1) potentiellement associé à une augmentation du risque de cancers. Des études doivent encore confirmer
ou non cette association.

 

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