Comportement alimentaire: Ce qui nous pousse à manger

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« C’est l’heure de manger ! » Mais, avons-nous réellement faim ? Mangeons-nous par habitude, par gourmandise, pour compenser ou pour grossir ? Notre alimentation est-elle le reflet de nous-mêmes ?

Ce que la vie serait simple si nous ne mangions que par faim ! Comme les animaux, nous partirions à la chasse aux aliments, piochant dans le réfrigérateur ou le garde-manger de quoi nous sustenter. Mais, nous sommes des êtres de désir et de cœur…

 

 

Notre appétit est aiguisé par nos sens

Ce n’est pas seulement notre estomac qui nous invite à passer à table ; nos sens y sont pour beaucoup. Qui ne salive pas devant une vitrine de pâtissier ? Qui n’a pas eu son appétit ouvert en sentant les bonnes odeurs d’un plat qui mijote ou en entendant, par exemple, les crépitements d’une friture ? Un boucher a même avoué un jour que le simple fait de toucher la viande lui donnait des envies de bonne chère ! En ce qui concerne le goût  en tant que déclencheur de faim, tout est dit dans le vieil adage « l’appétit vient en mangeant ». Par l’action de nos sens, notre organisme se prépare à digérer le mets convoité avant même d’avoir porté une seule bouchée à nos lèvres. Ils nous font venir l’eau à la bouche et secréter de l’insuline. « Le goût et l’odorat sont nos sens les plus archaïques, écrit le Dr Gérard Apfeldorfer dans Je mange donc je suis (voir bibliographie p. 16). Ils sont, en outre, anatomiquement et physiologiquement inséparables de nos affects ainsi que de notre mémoire. À toute sensation gustative est associée de façon absolument automatique, une émotion, une réaction affective de plaisir ou de déplaisir qui lui confère une coloration particulière. » Ainsi, nous ne mangeons pas seulement pour approvisionner notre corps et notre cerveau en calories et nutriments, mais aussi pour nous donner du plaisir. Résumer l’alimentation à sa dimension santé est donc une erreur et un leurre. Car nous mangeons d’abord parce … … que c’est bon, surtout en France, pays de la gastronomie par excellence. Mais, ce qui est bon pour soi ne l’est pas forcément pour un autre.

 

L’aliment, miroir de notre personnalité

Pour Olivier Soulier, médecin homéopathe et spécialiste du décodage symbolique, « chaque aliment porte en lui une valeur symbolique ». Ainsi, nos préférences et dégoûts alimentaires seraient le miroir de notre personnalité et de notre histoire familiale. « La  viande est un aliment de la conquête et de la structuration. Elle porte en elle une stimulation de notre agressivité face à des situations difficiles où nous devons conquérir ou garder notre territoire. » Le rapport aux laitages est particulièrement parlant. « Le désir de lait traduit le besoin maternel. Chaud, c’est un besoin similaire à celui que nous avions quand le lait sortait chaud du sein. Froid (comme dans les yaourts par exemple), c’est le désir de beaucoup de ceux qui ont manqué de mère, du moins telle qu’ils l’auraient voulue. L’aversion pour le lait traduit souvent un mauvais rapport à la mère dans la petite enfance. » Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es…

 

Les nourritures détournées

Nous assignons inconsciemment à la nourriture la mission de nous nourrir de l’intérieur. C’est la fameuse « madeleine de Proust » : en mangeant un aliment, on ingère aussi tous les souvenirs et toutes les émotions qui y sont rattachés. « Lorsque je vois sur la carte des desserts “œufs à la neige”, je ne peux pas m’empêcher de les commander, même si je suis systématiquement déçue par leur goût. Mais, ça me rappelle trop ma grand-mère… », reconnaît Isabelle, qui, en lapant la crème anglaise, se remémore l’amour de son aïeule. D’autres mangent pour faire face au vide ou aux angoisses de leur vie. Grignoter peut ainsi être un moyen de tromper son ennui, pallier sa solitude, étouffer sa colère, calmer son anxiété, remplir ses manques, etc. La nourriture devient alors une arme pour gérer ses émotions. À court terme, du moins. Car, même si manger agit sur le moment tel un antidépresseur, le transfert alimentaire augmente un peu plus chaque fois le mal dont on souffre. Les boulimiques en savent quelque chose : culpabilité et mésestime de soi suivent toujours le calme produit par l’ingurgitation d’une tablette entière de chocolat.

 

Manger pour faire le poids

On peut aussi, sans le savoir, manger dans l’optique de grossir. Cela vous étonne et pourtant… Combien de personnes prennent du poids littéralement pour « faire le poids » face à un adversaire ou pour se protéger de blessures corporelles ou affectives potentielles ? Et être gros, n’est-ce pas aussi un excellent moyen de s’assurer d’être vu lorsqu’on a été abandonné et d’être incontournable lorsqu’on a souffert de peu de considération ? Notre inconscient peut ainsi nous pousser à manger pour répondre à un besoin psychique ou affectif. « Plus on a de kilos en trop, plus on a de conflits de poids », assure Evelyne Gambino, psychogénéalogiste, auteur de Bye-bye les kilos ! (voir bibliographie ci-contre). Elle a dénombré douze origines majeures à la prise de poids : un abandon, une impossibilité de vivre sa féminité ou sa masculinité, un vœu de fidélité, une absence de communication, etc. Ces conflits de poids seraient programmés sur plusieurs générations. Ce qui expliquerait que la volonté de maigrir soit, dans certains cas, insuffisante face à la puissance des pulsions inconscientes. À moins d’un travail thérapeutique, bien entendu… ou de tomber amoureux. Car l’amour passionnel nourrit tant et si bien le cœur que le corps en oublie sa faim.