Les patients nous racontent… Dr Jean-Michel ISSARTEL pour Santé Intégrative 24

À travers plusieurs histoires, comment le harcèlement, les erreurs de management, le pervers narcissique et les diagnostics médicaux hésitants minent la confiance en soi.

 

Jeanne, médecin 35 ans, intelligente et brillante, en excellente santé, consulte pour un questionnaire assurance lié à un emprunt professionnel. Servie par une apparence physique éblouissante, elle respirait la confiance en soi quelques années auparavant. Ce jour, je la trouve terne, éteinte et sans joie. Pas de problèmes familiaux ou amicaux selon elle, en pleine réussite professionnelle, donc apparemment tout va bien. Alors je pose quelques questions précises à propos de son mari.

- « Tient-il des propos valorisants ou disqualifiants à votre égard ?

-A-t-il toujours raison ou admet-il ses torts ?

-Dit-il tout et son contraire, en alternant séduction et brimades ?

-En présence de vos amis, parle-t-il de la réussite professionnelle de la mère de ses enfants ? »

 

"La séduction est une arme cruciale
de la stratégie du pervers narcissique"

 

 

Alors je lui conseille de lire le livre de Marie-France Hirigoyen, Le harcélement moral* et de revenir très vite. Un mois après, elle me dit avoir été stupéfaite de trouver dans ses lectures et sur Internet, les mêmes propos, les attitudes exactes de son mari, un exemple parfait du pervers narcissique.

Gilbert a 45 ans lorsqu’il doit se trouver un nouveau poste. Il "est" HEC Paris, ce qu’il m’apprend dans les cinq premières minutes de conversation (comme tous les autres HEC d’ailleurs). Confiant, une carrière tournée vers la réussite, il accède rapidement au Top management. Après une mission de trois ans, qu’il mène avec brio, la direction américaine lui propose un nouveau poste, puis il est remercié brutalement sans explications : « Vous avez un an pour trouver un job “en externe”, votre salaire est maintenu, vous êtes dispensé de venir au bureau. » Gilbert est en colère, mais n’a aucun doute sur sa capacité à rebondir. Au fil des mois de recherche, les échecs se succèdent, il perd confiance, révise "à la baisse" son CV et ses prétentions financières. Il perd le sommeil et son médecin traite ses insomnies puis le met sous antidépresseurs. Toujours pas d’embauche après neuf mois de recherche active. Pourtant, les entretiens se passent bien. C’est auprès du psychologue qu’il va chercher la réponse à ses échecs : « Notre société cherche un homme tourné vers l’avenir, et non une personne qui rumine les échecs du passé ». Gilbert comprend qu’il va falloir recouvrer cette confiance en lui et aussi en l’avenir. La cure sonique Hipérion va être le starter de ce changement. Il refait son CV, ne camoufle plus ses diplômes et réussites, restaure sa confiance, et retrouve un poste à la hauteur de ses ambitions.

Le Profil du Pervers

Grand séducteur et maître du mystère et du mensonge, il organise la démolition mentale de l'autre. Sans honte ni culpabilité. Utilise la dévalorisation, l'humiliation, le dénigrement, mais aussi la brimade, le discours contradictoire et les injonctions paradoxales, la polémique systématique où il a toujours raison, mettant en avant des arguments fallacieux et des mensonges.
   
 

   

Georges, chef d’un restaurant étoilé vient me consulter pour ses lombalgies. Le métier est difficile, le physique est sollicité, de plus stressant pour allier la qualité des mets et l’excellence du service. Au fil des mois, j’obtiens difficilement quelques éléments de sa vie : sa femme s’occupe des réservations et de la caisse. Elle alimente les conflits entre les différents membres du personnel. À Louis, elle dit des propos inventés de toute pièce : « Jean-Paul trouve que tu fais trop attendre les clients », et à Jean-Paul : « Louis m’a dit que les assiettes n’étaient pas assez chaudes », etc. Mensonges et diffamation, deux armes favorites du pervers pour diviser et mieux régner. L’ambiance est détestable, le personnel de qualité démissionne. Courageux et discret, Georges n’a pas pour habitude de se plaindre. Tardivement, il se confie un peu plus. Pendant la coupure de l’après-midi, dès qu’il s’allonge pour une courte sieste, sa femme allume la radio, le lave-linge pour l’empêcher de s’assoupir. Il sait qu’il faut se séparer mais affronte les difficultés pour que ses enfants grandissent avec leurs deux parents. Il veut comprendre le harcèlement et lit une vingtaine de livres sur le pervers narcissique. Depuis un divorce coûteux mais indispensable, le dos va mieux, et l’ambiance de travail est au beau fixe.

Dans le film Voici venu le temps des assassins, Gabin est restaurateur, et sa nièce Danielle Delorme sème la zizanie dans l’entreprise en parfaite perverse. Elle éloigne Gérard Blain, le fils adoptif de Gabin (et futur héritier),  épouse Gabin pour son argent, puis demande à Gérard de tuer Gabin… quand Machiavel alimente la perversité du narcissique.

 

Violette est mariée, trois enfants, et à 36 ans, elle a failli mourir. Depuis son adolescence, elle présente des malaises la nuit (uniquement la nuit), les médecins évoquent les cauchemars, la peur du noir, l’anxiété, les attaques de panique, etc. Mais la véritable cause n’est pas élucidée, donc on la prend tour à tour pour une simulatrice ou une malade mentale. Déstabilisée par les errements diagnostiques, elle perd confiance en elle et fait donc des choix de vie qui ne lui correspondent pas : elle stoppe ses études, épouse un homme qui ne lui convient pas puis divorce. Plus de vingt ans après le début des malaises, elle fait un malaise cardiaque avec perte de connaissance et est hospitalisée. Elle présente des troubles du rythme graves mais intermittents : alternance d’un rythme cardiaque très lent et très rapide (de 30 à 200). Elle est explorée et un traitement médicamenteux est institué. Elle va mieux mais certaines nuits, les malaises reviennent, sournoisement malgré les comprimés. Le médecin lui explique que c’est probablement par "fidélité à ses anciens symptômes" qu’elle ressent des choses bizarres dans sa poitrine : « Le holter est bon, ne vous inquiétez pas ». Alors, à la fin de notre première rencontre, je lui prête un oxymètre de pouls qui donne la fréquence cardiaque instantanément dès qu’on le place au bout d’un doigt. Et je lui prescris du magnésium pour son hypersensibilité. Très vite, elle retrouve le sommeil, une meilleure vitalité et sa confiance en elle : elle observe pendant les malaises, sa fréquence cardiaque se ballade entre 30 et 170 battements par minutes. Difficile pour un médecin de croire tout ce qui sort de la bouche des patients, et pourtant, il y a beaucoup de vrai!

 

 

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