Homéopathie et dépression

Homéopathie et dépression

Si les indications de l’homéopathie sont nombreuses, on ne pense pas toujours y recourir lors d’une dépression. Le Dr Isa, médecin homéopathe, nous fait part de son expérience et de sa pratique. Son avis autorisé nous offre une approche nuancée de ce délicat problème de santé.

"Docteur, je déprime…" Bien rare est cette entrée en matière. Plus fréquemment, nous entendons : ” Docteur, je ne me sens pas bien… “. Médecins et homéopathes, nous avons appris au cours de nos études à entendre la plainte exprimée par les mots des malades, quand ce ne sont pas leurs maux qui parlent à leur place. Déjà, au XIXe siècle, Hahnemann écrivait : ” Il n’existe aucune maladie dite somatique où l’on ne puisse découvrir des modifications constantes de l’état psychique du malade. ” Et dans ses observations il montra que l’inverse était vrai : chacun des remèdes dont nous disposons en tant qu’homéopathe, rarement psychiatre, présente une multitude de symptômes psychiques et physiques, et notre rôle est d’apparier ces remèdes avec le patient venu nous consulter.

 

Reconnaître la dépression

” Je suis fatiguée, je n’en peux plus de ce travail de fou, je n’arrive plus à réfléchir, j’ai besoin de calme, de solitude… “, me distille mademoiselle C. en économisant autant que possible ses mots. Une plainte pudique, beaucoup de silences et de soupirs. Le repli physique chez cette jeune femme longiligne que je connais depuis l’enfance. Et, avec son cas, je retrouve Natrum Mur., le remède des périodes difficiles de son enfance, quand elle ne voulait plus aller en classe (ayant préféré les cours par correspondance, seule dans sa chambre pendant un an), ou de sa tristesse quand le travail qu’elle souhaitait ne répondait pas à son attente. Dépression ? Epuisement ? Me noyant sous un flot de paroles décousues, presque incohérentes, avec quelques rires incontrôlés, mélangeant un divorce (quelques années avant), la ménopause, le traitement hormonal, les troubles psychiatriques de sa fille : madame B. est à la limite d’une phase maniaque. Quelques années plus tard vient une phase de mutisme, de mimiques pauvres, de tristesse avec des idées suicidaires, de désespoir avec les mêmes insomnies d’endormissement, les mêmes bouffées de chaleur alternant avec des froids de mort, les mêmes cauchemars : oui, là encore, c’est une dépression d’abord masquée, puis bien réelle justiciable de Platina puis Lachesis. Perturbées dans le cours de leur pensée, réceptives profondément à leur environnement affectif et professionnel, incapables d’avoir un comportement en harmonie avec l’attente de la société à leur égard, ces deux femmes aux deux extrêmes de la vie professionnelle décompenseront sous forme dépressive ; pour d’autres personnes, ce seront des deuils récents, la baisse des performances intellectuelles avec l’âge, une maladie physique qui les atteint aussi dans leur humeur. Je suis médecin et, selon la gravité des troubles, je pose un diagnostic de déprime ou de dépression légère ou grave, voire de dépression masquée sous une constellation de troubles physiques.

Homéopathe, je cherche ensuite à reconnaître pour chacun les remèdes qui peuvent soit l’aider, soit le guérir à court ou à long terme. Après un long interrogatoire où s’entremêlent les circonstances ayant conduit à cet état, les manifestations psychiques et physiques et leur mode d’apparition, le comportement habituel du patient (qui permet de mesurer la différence entre l’état normal et pathologique), le passé familial et personnel et enfin les traitements déjà pris, vient le temps de la comparaison entre ces signes et ce que je connais des remèdes homéopathiques…