Prise en charge psychosomatique des acouphènes. Acouphènes, Hypnose & EMDR

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L’acouphène se définirait comme la perception de sensations sonores en l’absence de tout stimulus extérieur.

Le nombre de porteurs d'acouphènes en France est estimé à plus de deux millions six cent mille personnes. Un million et demi en souffriraient.
Trois cent mille personnes les trouveraient insupportables.
D’après l'association France Acouphènes, environ deux cent mille nouveaux cas seraient à déplorer chaque année. Les très jeunes sont concernés depuis l’utilisation des lecteurs de musiques dont l’intensité est excessive.


 

Comment le patient peut-il s’y retrouver ?

Tout patient souffrant d’acouphènes doit consulter en premier lieu un médecin qui éliminera une cause organique. Le bilan ORL est essentiel. Il permettra d’éliminer ne serait-ce qu’un simple bouchon de cérumen, un catarrhe tubaire conséquence d’une rhinite et d’un dysfonctionnement de la trompe d’Eustache. Il ne faut pas méconnaître une otospongiose ou un neurinome de l’acoustique dont le traitement est chirurgical.

De nombreuses autres causes sont à chercher comme le bruxisme lié à un trouble de l’articulation temporo-maxillaire orientant vers un stomatologiste ou un chirurgien dentiste, lesquels conseilleront une gouttière à porter de préférence la nuit.

Une fois les traitements classiques prescrits et jugés inefficaces, que faire ? Les patients supportent mal le constat d’impuissance de leurs médecins : « Habituez-vous », « Vous les garderez toute votre vie » leur disent-ils. Insatisfaits, ils consultent alors des forums en ligne et les quittent plutôt déprimés.

Peu de praticiens sont formés à la prise en charge intégrant à la fois les versants psychologique et somatique des acouphènes ? Ceci est très regrettable. L'enseignement médical de psychosomatique n'existe pas en France, ou alors il reste trop théorique et n'apprend pas à traiter les malades.

La prise en charge intégrative des patients souffrant d'acouphènes permet de dépister les signes annonciateurs d'un trouble psychosomatique une fois les bilans ORL classiques réalisés. Le bilan psychosomatique tient compte de la récurrence de la plainte.

Plutôt que de demander aux patients de “faire avec”, il est important de rechercher ce qui s’est accumulé au fil des ans dans la vie des patients et qui reste source d’émotions encore aujourd’hui. Il apparaît alors que les patients qui ne “guérissent” pas de leurs symptômes, sont très souvent victimes d’un stress aigu intense, d’un stress chronique ou d’un stress post-traumatique.

Les bruits internes se présentent aussi comme des facteurs de stress surajoutés, “la petite goutte qui fait déborder le vase”. Les troubles anxio-dépressifs précèdent, accompagnent ou sont la conséquence des acouphènes récalcitrants.

L’écoute qui permet de faire la part des choses ne suffit pas toujours.


Alors comment faire pour guérir dans ce cas ?

Lors des premières consultations, les causes présentant un caractère de gravité éliminées, le praticien se doit de rassurer le patient en lui apportant des données anatomo-physiologiques lui permettant de se représenter l'oreille dans l'espace et de comprendre son fonctionnement.

Il peut s'aider de maquettes ou d'un schéma et expliquer qu’au sein de l’oreille interne, les cellules de l’Organe de Corti fabriquent continuellement un bruit dont l'intensité est faible car inférieure à 6 décibels ce qui est très rassurant.

On n’y prête pas attention car ce bruit ne présente aucun intérêt. Les mesures réalisées ont montré que l’intensité des acouphènes était voisine de 10-15 dB ce qui est très peu. Les “oto-émissions acoustiques” circulent de l'oreille interne jusqu'au cortex cérébral en passant par les centres de la mémoire et des émotions.

Ce bruit montre qu’en fait le corps est bien vivant. Ainsi toute personne qui les recherche perçoit un sifflement dans le silence.

Qu’est-ce qui fait que des personnes le supportent et d’autres pas ?


Là est la véritable question

Le problème vient plus de la façon dont elles perçoivent ce bruit plus que du bruit lui-même. La perception de l’intensité se modifie au cours de la journée, de la semaine, du mois, de l’année. Elle peut être continue ou intermittente. Pour des patients, ce sera plus fort le matin pour d’autres, ce sera le soir. Pour certains, ce sera après le sport, pour d’autres, du fait du repos, après la sieste ou les repas. Il y a autant de façons de percevoir l’acouphène que de patients à traiter.

92 % des personnes consultant pour des acouphènes sont satisfaites des soins de leurs ORL.
La plupart du temps les acouphènes disparaissent spontanément une fois que les conflits à l'origine du problème sont résolus. Il en est de même de la plupart des pathologies fonctionnelles. Pour d'autres personnes, les acouphènes sont toujours là mais ils ne les gênent plus. Elles reconnaissent souvent que le problème était ailleurs.

Pour 8 % des sujets porteurs d’acouphènes invalidants, il n'est pas rare alors de retrouver un deuil, une séparation d'avec un conjoint ou un enfant, un licenciement, des agressions, un harcèlement, des conflits non résolus. C’est ce que l’ORL psychosomaticien va explorer lors de l'interrogatoire (analyse fonctionnelle).


Pourquoi ce bruit devient-il conscient ?

Il existe plusieurs raisons d'ordre neurophysiologique associées à un état émotionnel survenant dans un contexte psychosocial et environnemental particulier. Les sujets sont tout à fait capables pour peu qu'on le leur demande, d'établir des liens entre l'apparition de l'acouphène et les situations émotionnelles de leur vie. Cela demande un peu de temps.

Elles seront traitées à l’aide des thérapies comportementales et cognitives (TCC), incluant la gestion du temps, le traitement des conflits interpersonnels ou les troubles l’assertivité aidées de l'hypnose ou de la relaxation passive ou dynamique.

La thérapie EMDR (Eye Movement Desenzitisation and Reprocessing) encore appelée thérapie par le traitement adaptatif de l’information, est utilisée de façon intégrative quand le sujet souffre de stress post-traumatique.

Avant même de commencer les séances d'EMDR, on demande au sujet d'établir une liste des situations les meilleures et les pires de sa vie. Les situations les meilleures seront exploitées en temps que ressources, ce dont les personnes ont le plus grand besoin quand elles accèdent au pire. Les praticiens EMDR certifiés sont avant tout des psychothérapeutes confirmés.

 

La solution

Quand les acouphènes persistent, les sujets en souffrance devraient pouvoir bénéficier d’une prise en charge psychosomatique, or pour l’instant, rares sont les ORL formés à la psychothérapie et à la psychosomatique.
Les psychologues psychothérapeutes quant à eux, n’étant pas ORL, ne peuvent pas revendiquer le titre de psychosomaticien dans cette spécialité.

La solution est une collaboration entre les ORL et les psychothérapeutes. Par leurs échanges réguliers, les uns formeraient les autres et réciproquement.

Les patients ignorent tout de la psychosomatique. Ils viennent parler de leurs symptômes. Tout un vocabulaire imagé caractérise les acouphènes. D’un point de vue qualitatif, savoir quelle est la ressemblance de l'acouphène avec tous les noms d’oiseaux ou d’insectes ne présente que peu d’intérêt mais le patient a besoin d'en parler.

Ce temps d'écoute fait partie du traitement du moins au début.
Puis viendra un autre temps où le patient comprendra qu'il y a d’autres choses plus importantes à traiter, l’acouphène n’étant qu’une sonnette d’alarme et finalement une amie. Elle prévient que « quelque chose ne va pas » et c’est ce que nous allons prendre en compte et traiter. Très vite, il n’est plus question des acouphènes.

Car ce que l’on traite :
– Ce sont plus les représentations que les patients "se font" de leurs oreilles, de leurs acouphènes ou de toutes autres pathologies.
– Ce sont les raisons pour lesquelles ils deviennent intolérables : surmenage, conflits, burnout, stress post-traumatique, agressions associées à un traumatisme sonore ou à des paroles dévalorisantes, cataclysmes, séquelles de guerre...
– Ce sont les retentissements émotionnels, comportementaux et cognitifs de ce symptôme qui n’est que la partie visible de l’iceberg.

Résultats

Cette prise en charge intégrative a prouvé son efficacité alliant les données de l’ORL et des psychothérapies adaptées à chaque cas. Les bénéfices sont généralisables à de nombreuses autres situations de la vie mais aussi à d'autres symptômes qui peuvent disparaître tout comme les acouphènes.

Ainsi avec l’hypnose et l’EMDR, il est arrivé que des patients traités pour des acouphènes aient constaté des bénéfices aussi sur les vertiges, les surdités brusques, l’asthme, le psoriasis, l’eczéma ou les troubles sexuels. Ces troubles associés n'avaient pas été évoqués en consultation et ne faisaient pas l’objet du traitement. Les personnes sachant mieux gérer les conflits, ont gagné une meilleure estime d’elles-mêmes. Elles avancent désormais plus confiantes dans la vie. L'état dépressif a ainsi pu être traité.

La prise en charge psychosomatique des acouphènes est spécifique

Elle doit être pratiquée par des psychothérapeutes expérimentés en association avec les ORL. Le mieux serait dans un premier temps de former les ORL à la psychosomatique. Le diagnostic et le traitement précoces pourraient juguler l'errance médicale très fréquente lorsqu'il s'agit des pathologies fonctionnelles.

Les praticiens, les audioprothésistes, les associations, les médias doivent savoir que la démarche va dans le sens de l’oubli de ces bruits physiologiques en rassurant et non pas en inquiétant. L’anxiété aurait plutôt tendance à les fixer dans la mémoire et donc à les pérenniser.

Ceci nécessite de la part des soignants une connaissance en anatomie et neurophysiologie de l'oreille, une formation à la gestion des émotions, à la résolution des problèmes de la vie présente, passée et à venir grâce aux psychothérapies exercées de façon intégrative. Connaître la partie enfouie de l’iceberg nécessite du temps, de l’argent. Il s’agit d’une prise en charge contractuelle. Une alliance doit se créer entre les deux partis, c’est un gage de réussite.

Cette thérapie s’adresse à des patients motivés.
En psychosomatique, nous ne traitons pas seulement des symptômes mais des personnes dans leur globalité familiale, médico-sociale, affective et culturelle.


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