Partir du corps pour travailler sur sa conscience. Alain Giraud pour Santé Intégrative 25

La sophrologie a été créée en 1960 par le professeur Alfonso Caycedo, médecin colombien, alors à la recherche de moyens nouveaux pour la prise en charge de ses patients dans son service de médecine à Madrid.

Ce regard nouveau s’acquiert par la pratique d’exercices au départ corporels puis peu à peu mentaux et implique immédiatement le patient, qu’on appelle le sophronisant, lui permettant très rapidement par ses choix d’entraînement de trouver une liberté nouvelle, de progresser dans la connaissance de lui-même, basée sur ce qu’il vit, identifie ou se réapproprie, avec ce qu’il est maintenant et non pas sur ce qu’on lui a appris à être. Et c’est bien une liberté nouvelle qui est découverte, la liberté d’être ce que l’on est réellement, mais avec tous ses potentiels de maintenant, toute sa liberté, toutes ses capacités.

 

 

Dans ce contexte de liberté trouvée, de prise de conscience du corps et de choix existentiel, la sophrologie a trouvé une application ultra privilégiée dans le domaine de la grossesse, de l’accouchement et du post-natal. Le Docteur Patrick-André Chéné, gynécologue-accoucheur, directeur de l’Académie de Sophrologie Caycédienne de Paris et auteur d’ouvrages de référence sur la sophrologie et la naissance répond à nos questions:

 

Alain Giraud : En France, la sophrologie se pratique insérée dans le processus de la préparation à l’accouchement et y tient une place privilégiée. Qu’apporte-t-elle aux futures mamans ?

Patrick-André Chéné : La sophrologie accompagne trois périodes du projet de maternité : la grossesse, l’accouchement, les suites de couches.

Elle permet aux femmes qui choisissent la méthode, de trouver une capacité étonnante de vivre leur grossesse, leur accouchement et l’arrivée de leur bébé dans une liberté nouvelle, basée sur elles-mêmes et non sur ce qui leur a été raconté tout au long de leur enfance et de leur jeunesse.

Elles découvrent tout d’abord une capacité à la détente de leur corps dans ce moment de la grossesse où tout est en chamboulement et en transformation perpétuelle. La perte de repère est totale, le corps s’alourdit, devient inconfortable. Toutes les fonctions sont atteintes (digestion, sommeil, mouvements) sans parler du psychisme et des sens.

La sophrologie va permettre tout d’abord, dans les séances de pratique, de retrouver des instants de confort et de bien-être grâce à la concentration et la détente. Très rapidement, 3 ou 4 séances à peine, le lâcher prise arrive, une sensation de bien-être et surtout de récupération rapide d’une énergie, d’une force intérieure au départ corporelle mais qui va peu à peu devenir mentale.

On comprend que la détente est quelque chose de fondamental mais est-ce le seul objectif poursuivi ?

Le but est clairement autre : partir du corps pour travailler sur sa conscience, le but ultime étant de s’approprier la totalité de cet événement majeur que représente l’accouchement et l’arrivée dans la maternité pour toutes les femmes.

L’enjeu est énorme et la pratique d’années de prise en charge de femmes enceintes m’a permis de comprendre une évidence absolue qui est la continuité du processus de vie que cela représente et c’est bien là toute ma motivation.

Installer une vivance dans le positif de la conscience, de toute cette période pour permettre l’arrivée dans cette vie nouvelle qu’est l’état de mère, avec une confiance et un positif acquis tout au long des séances de sophrologie pendant la grossesse et qui va imprimer les liens avec l’enfant toute la vie.

 

La première découverte est le confort possible dans le corps inconfortable, étiré, malmené, alourdi, occupé et transformé. Comment se déroule la prise en charge par le sophrologue ?

Une série d’exercices de détente, de concentration, d’écoute des sensations, d’activation de l’énergie, installe très vite un bien-être puisé, redécouvert en soi-même, puis très vite également arrive la prise de conscience de la capacité de chacune de s’utiliser, de travailler pour être capable de vivre son accouchement positivement au-delà de la réalité des gestes et des évènements. Le bien-être du corps, tous ces moments vécus pendant la grossesse va entraîner un sentiment de confiance en soi. Je peux me détendre, là maintenant pendant la grossesse alors qu’il y a deux minutes, j’étais mal. Je peux, si j’accepte de m’entraîner, me détendre également le jour de l’accouchement.

 

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