Face à la dépression : le Rêve Éveillé Libre

Reve Eveillé Libre et Depression


Quand la dépression exprime un conflit d’ordre purement psychique, la cure de rêve éveillé manifeste une remarquable efficacité.

En quelque domaine que ce soit, au fil d’une lon-gue pratique, nous retenons des impressions dominantes, fruits de circonstances qui nous ont particulièrement frappés. Celles-là s’érigent en références qui conditionnent ensuite la plupart de nos réflexions et décisions. Ces convictions sincères, issues de notre “expérience” sont souvent trompeuses. Qu’une nécessité nous conduise à faire des observations statistiques rigoureuses sur un grand nombre de cas et nos certitudes, établies au gré des “faits émergents”, sont susceptibles de sévères remises en cause. Lorsque Jean-Michel Issartel m’a suggéré d’écrire cet article, j’ai d’abord douté d’être en mesure d’apporter, au sujet de la dépression, des éléments présentant quelque originalité ! Au cours de trente années d’accompagnement de patients dans leur cure de rêve éveillé libre, le nombre de cas de sujets dépressifs fut bien entendu élevé. Je croyais avoir fait, grâce à cette fréquentation, le tour de la question ! Je me trompais !

L’observation de quelques centaines de cas n’a peut-être pas entraîné de bouleversement de mes conclusions antérieures mais elle a fait apparaître quelques faits dont je n’avais pas eu le soupçon. L’étude a porté sur la situation de patients dont l’état dépressif était avéré, soumis à de lourds protocoles médicamenteux et qui ont rapidement retrouvé, à travers la cure, énergie et joie de vivre. Ont été écartés les nombreux cas de patients qui s’estiment “déprimés” alors qu’il ne s’agit que d’un affaiblissement passager de l’humeur. De même, n’ont pas été pris en compte les quelques patientes dont le traitement relevait de façon évidente d’une prise en charge psychiatrique. Il est intéressant de noter que, dans les quelques cas que j’ai eu l’occasion d’accompagner, en parallèle avec la consultation du neuropsychiatre, les psychotiques n’entraient pas dans la dynamique de l’imaginaire. Contrairement à l’idée que le fait de leur proposer la cure de rêve pourrait favoriser l’entrée dans des délires, ces patients se protègent inconsciemment en se refusant la production d’images. Le “rêve” en position allongée est, pour ceux-là, la continuation de la complainte stéréotype qu’ils émettaient en face à face !

S’il semble entendu que les temps présents ont vu se multiplier les états dépressifs, la maladie n’est ni nouvelle ni récemment définie. Un fait l’atteste clairement : avant que la liste en fut révisée, l’un des 7 péchés capitaux retenus par l’Eglise était l’“acédie”. Le mot fut construit à partir de “cédio” signifiant : aller de l’avant, avoir envie. Le a privatif en retournait le sens, désignant l’état d’une personne ayant perdu l’élan, la joie de vivre, en proie au découragement. Saint Jean de Damas, vers l’an 700, donne de l’acédie cette définition étonnamment moderne : « elle est une tristesse accablante qui produit dans l’esprit de l’homme une dépression telle qu’il n’a plus envie de rien faire. L’acédie implique un certain dégoût de l’action. L’acédie est un péché car ce qui est mauvais dans les mouvements de l’appétit est mauvais ! » (appétitus : désir, convoiter, avoir envie)

Georges ROMEY

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