Santé mentale : une nécessité pour tous, la responsabilité de chacun

Santé mentale pathologie

La santé mentale, principalement envisagée sous l’angle de la pathologie, souffre de n’être pas abordée de manière constructive et responsable. Quelques principes simples permettraient pourtant de faire évoluer cette approche.

Si l’idée qu’il existe pour chacun de nous un “capital santé” est aujourd’hui communément admise, celle selon laquelle il pourrait y avoir un “capital santé mentale” non seulement nous effleure à peine mais la notion même de santé mentale a encore quelque chose de tabou. En effet, les maladies mentales sont souvent vécues comme une fatalité génétique marquée par le silence ou la honte et l’on néglige trop la possibilité d’œuvrer à la constitution, à la préservation et, éventuellement, à la réparation du psychisme.

La santé mentale est un trésor à constituer

Personne ne sait mesurer la part qui, en chacun, relève de l’inné et celle qui lui vient de l’acquis. Or, si les affections mentales telles que la dépression, les troubles bipolaires ou la schizophrénie ont une composante génétique indiscutable, bien d’autres éléments viennent se greffer sur cette trame pour participer de l’équilibre ou du déséquilibre psychique. Ainsi, les messages parentaux, la pression sociale, les événements de la vie, les modes relationnels mais aussi le vécu sensoriel et l’environnement jouent-ils un rôle majeur dans la constitution de la santé mentale. Dès lors, on peut considérer qu’il existe un “capital santé mentale” pour autant qu’on le construise.

Quand le construit-on ? Pendant l’enfance bien sûr. C’est ce qu’illustrent notamment l’élaboration par l’OMS d’un programme aujourd’hui utilisé dans le monde entier et destiné à stimuler l’interaction entre la mère et son nourrisson ainsi que la mise au point, toujours par l’OMS, du concept d’ “écoles accueillantes” qui vise à promouvoir un environnement favorable à un développement psychologique harmonieux et à la base d’une réelle confiance en soi.

L’équilibre psychique reste un édifice fragile auquel il faut veiller

Une fois ce “capital santé mentale” constitué, encore faut-il travailler à le préserver. Une très large partie des ressources destinées aux soins de santé mentale sert à financer des traitements et des soins spécialisés pour les malades mentaux. Mais, dans la promotion de la santé mentale, bien d’autres secteurs que la santé entrent en ligne de compte : l’industrie et l’emploi, l’éducation, les services sociaux, les associations... L’action d’une politique nationale de santé mentale ne peut donc pas se limiter au traitement des pathologies, elle doit avoir pour objectif de tenter de résoudre les grands problèmes de notre société qui affectent la santé mentale comme l’intégration des exclus, la sensibilisation accrue du monde du travail à la notion d’équilibre psychique, la gestion du chômage, pour n’en citer que quelques-uns.

Les blessures réparées sont du “capital santé mentale” restauré

Reste que, même si l’on avance dans la vie avec la conscience que la santé mentale est aussi importante que la santé tout court, nul ne chemine sans rencontrer d’obstacles. Or, les conflits auxquels nous sommes confrontés sont autant de coups potentiels portés à ce fameux “capital santé mentale”. Et si parvenir à surmonter une difficulté est une manière de grandir (et éventuellement un moyen de se libérer d’une dose, fût-elle infime, de dysfonctionnement), s’enliser dans de mauvaises solutions, sur-développer les attitudes psychotiques ou névrotiques qui permettent normalement le maintien de l’équilibre finit par ébranler sérieusement la stabilité de la structure mentale.

Dr Jean-Michel ISSARTEL & Ariane CAMUS

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