La gentillesse, clé du bonheur !

gentillesse psychologie

Dans une société où la compétition est de rigueur, où l’incivilité est un mal quotidien, il n’est pas aisé de faire de la bienveillance notre manière d’être permanente. Pourtant, il semblerait que notre équilibre fondamental passe par la gentillesse.

Déclarer de quelqu’un qu’il est gentil le fait bien souvent passer pour une personne bête et naïve. Ce glissement de langage commence très tôt : dès la maternelle, les parents veulent que leurs enfants soient forts, compétitifs, en un mot, les meilleurs ! Mais pour ce faire, douceur et altruisme sont bannis : « Tu vas te faire marcher sur les pieds !», « On va profiter de toi », serinent-ils. Et les enfants de se replier sur eux-mêmes, de perdre leur spontanéité à aller vers les autres, de donner en attendant un retour, en bref, de cesser d’être gentils !

 

Un principe universel

On assiste dans notre société, individualiste et égotique, à une augmentation sans précédent des troubles dépressifs et anxieux. Manque de chaleur humaine, absence de présence rassurante et protectrice de l’autre, effritement d’une communauté solidaire et humaine qui donne sens à la vie semblent en être la cause. Le remède ? La gentillesse, autrement dit l’attention et la bienveillance à autrui, tout cela nuancé d’empathie, qui signifie la faculté de ressentir ce que l’autre ressent.

David Servan-Schreiber, psychiatre, constate que « même si la gentillesse n’a pas bonne cote auprès des psychothérapeutes, plus on en fait preuve avec son patient, plus il progresse ». Françoise, ex-agoraphobe, corrobore ces propos : « Il y a cinq ans, sujette à des attaques de panique terribles, je ne pouvais quasiment plus sortir de chez moi. Je suis allée consulter un psy comportementaliste. Il me pressait : il fallait que je fasse des efforts, que j’arrête de m’apitoyer sur mon sort, que j’accepte mes symptômes. Je l’ai vu pendant plus d’un an. Il n’arrêtait pas de me pousser dans mes retranchements, ne faisant preuve d’aucune douceur ni gentillesse. J’avais toujours l’impression de ne pas en faire assez. Résultat, je n’ai pas avancé d’un iota. Jusqu’au jour où j’ai décidé de changer de psy. Le nouveau était tout l’opposé de l’autre : il m’encourageait, me félicitait, me donnait confiance en moi en dédramatisant les choses. En moins d’un an, je me suis totalement débarrassée de ma phobie ! »

La gentillesse, faite de présence sincère et altruiste, constitue un excellent rempart contre bon nombre de maladies. Par opposition, la solitude est mère de bien des maux. C’est ce que montre une étude menée sur près de trois mille personnes(1) : les personnes seules ou mal entourées souffrent de deux à trois fois plus de maladies : arthrite,  infarctus, crise cardiaque, cancer, problème pulmonaire. D’autres recherches indiquent que pour retarder l’évolution des maladies neurodégénératives, il faut multiplier les liens, les interactions et rester ouvert sur le monde. Enfin, deux études, l’une suédoise, l’autre finlandaise, concluent que le risque de mortalité précoce est entre trois et quatre fois plus élevé lorsque les personnes souffrent de solitude.

L’écrivain Aldous Huxley déclarait : « On me demande souvent quelle est la technique la plus efficace pour améliorer sa vie, il est un peu embarrassant d’avouer après des années de recherches et d’expérimentations que la meilleure réponse est : soyez juste un peu plus gentil. » Le Dalaï-lama, qui proclame que « [sa] religion est la gentillesse », partage bien évidemment cette analyse. Un principe universel !

 

La bienveillance propice à la productivité

Il en va de même au travail. Le fait d’être gentil permet des collaborations fructueuses. Forte de ce constat, Juliette Tournand a élaboré une méthode développée dans un livre, La stratégie de la bienveillance.

Elle s’est, en effet, aperçue que les rapports de force si prégnants dans le monde de l’entreprise créaient des tensions et se révélaient finalement improductifs. D’où la nécessité pour les responsables d’entreprise d’établir des échanges, qualifiés de « gagnant-gagnant », basés sur l’écoute de l’autre et l’acceptation des diverses personnalités. Christophe, commercial, raconte son expérience : « Il y a quelques années, je travaillais dans une société où seul le profit comptait. Peu importait que les employés travaillent en bonne harmonie ou se sentent bien. Il en fallait toujours plus. Et notre chef d’équipe s’arrangeait pour nous mettre en compétition les uns avec les autres.

L’ambiance était devenue tellement exécrable que les salariés ne restaient jamais longtemps. Entre-nous, je me demande comment j’ai fait pour tenir le coup. J’étais exténué et démotivé. Le turn-over ne facilitait pas la productivité. Loin de là : nous n’arrivions jamais à atteindre les objectifs ! » Le chef d’équipe a changé : « Le nouveau s’est révélé être une personne extrêmement gentille, très à l’écoute de nos besoins, de nos soucis et qui ne faisait pas cas de sa position hiérarchique. En quelques mois, la situation de l’entreprise s’est considérablement améliorée, au niveau de l’ambiance et des résultats ! »

À cette époque des vœux, un seul et unique souhait : que l’an neuf vous apporte santé et gentillesse !

Sophie Madou

 

(1) Étude de Tecumseh réalisée par le Dr Allen Nichols et parue dans American Journal of Clinical Nutrition en 1979.