La feuille blanche. Dr Marc Galy
La pratique de l’hypnose dans les structures hospitalières s’amplifie actuellement.
Elle intéresse différentes spécialités et principalement les anesthésistes dans le cadre : du bloc opératoire, de certains gestes techniques, de soins douloureux et de la prise en charge des douleurs chroniques. Les raisons en sont multiples et je retiens : le développement des actes sous locorégionale, la recherche d’une anesthésie peu ou non médicamenteuse qui s’associe à une prise en charge médicochirurgicale mini-invasive, réduisant l’agression
chirurgicale. Les demandes de formations en communication thérapeutique et en hypnose affluent chez les responsables de la formation professionnelle et ne sont malheureusement pas toujours honorées.
Effet de mode, ou une vraie demande pour s’ouvrir vers une autre forme de prise en charge thérapeutique ? C’est une question que l’on peut se poser. Je pense, après le congrès de La Rochelle de mai 2014, qu’un tournant s’amorce et que cette demande est réelle et durable.
Avant de parler d’hypnose, il faut envisager les moyens d’entrer en hypnose.
L’anesthésiste n’est pas un thérapeute de l’hypnose, en dehors peut-être des prises en charge des douleurs chroniques. L’anesthésiste ne fait pas de thérapie dans le sens
de psychothérapie. Il utilise les moyens d’entrer en hypnose dans le cadre de sa spécialité. Bien évidemment, les moyensutilisés peuvent conduire le patient dans l’espace hypnotique qui n’a pas pour objet la thérapie. Certains thérapeutes, psychiatres, psychologues et philosophes éclairent la pratique de l’hypnose. La lecture de leurs textes autorise l’anesthésiste à s’appuyer sur eux pour exercer l’hypnose médicale au sein de sa pratique. Elle offre aussi la possibilité de positionner l’hypnose dans l’espace médicochirurgical du moment dans un échange multidisciplinaire.
Les moyens d’entrer en hypnose sont multiples, et résultent des circonstances du moment, de la situation clinique du patient, de l’écoute et de l’observation. Les moyens proposés par le praticien résultent également de la formation, de la créativité et, comme le souligne Claude Virot dans sa remarquable conférence inaugurale à La Rochelle, du style du praticien. Les moyens d’entrer en hypnose ou induction hypnotique, première étape de la modification de conscience, repose sur la fixation, l’absorption et la confusion. Le plus souvent, dans la pratique péri-opératoire, c’est l’hypnose conversationnelle qui est l’outil de
fixation. Cette hypnose conversationnelle qui s’ouvre entre le patient et le praticien peut prendre différentes formes. D’une simple conversation qui évoque un souvenir agréable, un lieu de sécurité, un souvenir d’enfance et même un bon repas, elle peut faire appel de manière plus complexe à l’imaginaire ou éventuellement à unetranse antérieure.
Je propose dans ce cadre : « Que feriez-vous d’agréable si vous n’étiez pas ici ? » Dans d’autres circonstances, le cadre de la salle d’opération ou du plateau d’explorations interventionnelles tient lieu d’éléments de conversation et de fixation: le personnel que l’on présente, que l’on nomme, les doigts du praticien qui se mobilisent devant le regard du patient, les éléments techniques comme un appareil de radiologie ou d’anesthésie ou simplement un échographe. Cette phase de fixation que certains nomment « réduction »
est conduite par le dialogue qui s’instaure entre le praticien et le patient. Les afférences sensorielles de la conscience ordinaire se modifient et s’ouvrent progressivement vers la porte de l’absorption. Les éléments de la sensorialité du patient apparaissent aidés par les suggestions du praticien. La technique du VAKOG est le support de cette ouverture sensorielle. La confusion est le troisième élément qui conduit l’entrée dans la transe, dans l’espace de perceptude de François Roustang.
La parole du praticien est un élément essentiel de cette conduite. Le ton monocorde,monotone, les répétitions, les métaphores et les associations sensorielles irrationnelles sont des outils de confusion.
Pour ma part, en dehors de cette hypnose conversationnelle, j’utilise la feuille blanche. Pourquoi une feuille blanche ? Certains peuvent trouver ici une idée bizarre, saugrenue, déroutante et sans intérêt; peut-être se trompent-ils ? L’activité de l’anesthésie locorégionale s’est renforcée ces dernières années sous l’influence de la réduction des voies d’abord chirurgicales dites mini-invasives, de la qualité des médicaments anesthésiants locaux et du repérage échographique du territoire nerveux à anesthésier.
Cette anesthésie est précise, de bonne qualité, et représente pour ma part environ 70 % de mon activité au bloc opératoire en chirurgie vasculaire. La situation du patient pendant la réalisation du bloc (anesthésie locorégionale ou partielle) est bien souvent inconfortable, douloureuse, instable et même inquiétante. Pour pallier cela, une réponse médicamenteuse peut être donnée avec l’injectiond’un sédatif où d’un hypnotique. Méthode de modification de conscience médicamenteuse facile et efficace, mais qui pour moi n’apporte rien en terme de relation patientpraticien, de contrat de confiance, d’alliance soigné-soignant et dans la relation humaine. Elle peut apparaître comme un bouclier médicamenteux, un écran dans la relation thérapeutique. Je choisis la relation non médicamenteuse pour positionner
le patient, le mettre dans d’autres dispositions, pour améliorer son confort, diminuer sa douleur, son anxiété et placer l’acte technique à l’intérieur du lien thérapeutique: c’est la feuille blanche.
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Edito : Erickson en Ile-de-France. Dr Thierry Servillat
La vogue de l’hypnose est actuellement réelle dans les pays européens francophones. En anesthésie d’abord, et dans bien d’autres champs bien sûr. Et c’est l’approche éricksonienne qui est la plus diffusée et enseignée, même si d’autres orientations (hypnoanalyse, hypnose cognitive comportementale, hypnose énergétique d’inspiration asiatique, etc.) ont aussi une place notable. Cette « hypnodiversité » apporte une multitude d’outils, un véritable foisonnement qui justifie la création d’une nouvelle rubrique dans notre revue.
Hypnose de la douleur. L'art du son en pratique facile. Stéphane OTTIN PECCHIO
Il paraît que ceux qui savent faire de l’hypnose de la douleur peuvent tout faire en hypnose. La tâche est en effet difficile, alors peut-on se priver de l’aide du son ? Lorsqu’il y a trois ans j’ai pris un poste au Centre d’évaluation et de traitement de la douleur (CETD) de l’hôpital Tenon à Paris, une question pratique s’est posée : quel instrument de musique choisir pour accompagner mes séances d’hypnose dans une salle de consultation polyvalente ?
Hypnothérapie des stress post viols sous stupéfiants. Gérald Brassine
Sortir de l'emprise chimique. Concepteur de la Psychothérapie du Trauma Réassociative (PTR), Gérald Brassine partage sa longue expérience hypnothérapique des patients abusés sexuellement avec usage de stupéfiants. L’observateur inexpérimenté dans le traitement des traumas pourrait à juste titre s’interroger sur le fait qu’une personne ayant vécu une agression sexuelle en état de totale inconscience, puisse présenter ou non les symptômes habituellement rencontrés dans les cas d’Etats de stress post-traumatiques (ESPT). Pourtant, que le patient (ou la patiente) soit totalement inconscient d’avoir été un jour victime d’une telle agression ou qu’il (ou elle) n’ait que quelques souvenirs de l’avant et de l’après agression, la présence des symptômes du psycho-trauma est frappante.
Témoignage d'une tumorectomie sous hypnose. Nathalie Schlatter Milon
La force du témoignage d’un soignant passé « de l’autre côté » est précieuse car elle nous rapporte des informations d’un voyage singulier qui nous indique la possibilité des ressources pour effectuer le passage. L’hypnose médicale est un puissant outil dont chaque expérience est unique. Unique pour chacun, et pour une même personne, différente à chaque fois. Ce texte n’a de valeur qu’en référence à qui je suis, c’est un témoignage et pourtant, derrière les mots, chacun pourra y trouver le souffle, la dynamique qui lui deviendra propre.
Parkinson/ Erickson, ça rime ! Laurent BUJON
Infirmier très doué, Laurent Bujon reprend ici un précédent article pour développer son expérience mûrie durant plusieurs années de prise en charge de patients souffrant de maladie de Parkinson. Ma première rencontre avec l’hypnose date d’une dizaine d’années, en salle de réveil où j’étais infirmier intérimaire. Je fus très surpris par le comportement des patients bénéficiant de cette approche : plus calmes, peu algiques, avec des constantes régulières pour la plupart. Et surtout: la «levée » d’anesthésie était plus douce. J’ai aussi travaillé en SMUR et services.
L'hypno-systémique : suspense en Allemagne. Gisela Dreyer
Nous n’en finirons pas d’être surpris (enrichis !) par les particularités de l’hypnose allemande. Alors qu’en France, la systémie connaît une certaine crise dont on peut se demander si elle n’est pas en rapport avec le peu d’intérêt des systémiciens pourl’hypnose, nos collègues allemands adhèrent majoritairement à une vision qui conjugue pleinement ces deux regards qui s’affinent même mutuellement dans une créativité souvent inattendue.
Hypno-philo : Possibilité de l'amour. Dr Thierry Servillat
L’importance du dernier livre de Robert Misrahi pour nous, soignants, thérapeutes, aidants, est telle que nous nous devons de revenir vers l’œuvre de ce philosophe peu médiatique, voire discret. Car il s’agit d’un ouvrage de philosophie très concrète, qui se préoccupe assez directement de santé puisqu’il s’occupe d’une manière assez nouvelle d’envisager la vie de couple où la joie est possible à l’intérieur d’une relation d’amour réussie.
"Sauf votre respect". Dr Stefano COLOMBO
Sauf votre respect, le lecteur est un imbécile ! Imaginez, un instant, qu’un article, un roman ou un quiproquo commence ainsi. Vous allez sur-le-champ refuser de continuer la lecture et chercher l’adresse de la rédaction pour lui écrire toute votre colère. Peut-être. Peut-être ? Sûrement, affirmez-vous. Pas si sûr. Pas si sûr ? Vous allez voir. Vous n’allez quand même pas croire que moi, lecteur, je me laisse traiter d’imbécile à la légère.
Joyce C. Mills : Histoires à grandir. Christine GUILLOUX
Paris. Place de la Sorbonne. Place de la Nation. Quai Saint-Augustin. Le garçon de café plaisante avec Joyce, l’assiette arrive riche de couleurs et de saveurs en un agencement ô combien esthétique, le repas se partage longuement, sans qu’il soit question d’y mettre une limite, avec l’autre ou les autres et c’est goût de bonheur. Joyce pétille et s’émerveille. Paris, ville magique, porteuse de la France, riante de beautés autant que de créativités, de subtilités et d’art de vivre.
Autour des « classes de maître ». Gaston Brosseau
Griffées Dior, Yves Saint-Laurent ou Versace. Ne vous fiez pas au titre de ce texte, il fallait bien lui donner un petit accent accrocheur ! En fait, je vais parler pour ma paroisse, beaucoup même, et relater mon expérience de formateur invité à donner des classes de maître, d’une journée, de deux jours, de trois jours et même de cinq jours consécutifs en France et au Québec. D’abord, si vous êtes du groupe des formateurs invités, c’est que vous êtes probablement dans la profession depuis belle lurette.
Vivre l'exceptionnel. Dr Claude Virot
Je suis né un dimanche soir juste à la fin de la kermesse de l’école du village. Est-ce de là que me vient le goût des fêtes, des rassemblements, de ces jours spéciaux hors du quotidien, de l’ordinaire que chacun vit chez soi à sa manière, à son rythme ? Je ne sais pas, mais j’ai gardé beaucoup de souvenirs du pardon, fêtes du Saint Patron où tout le monde se retrouve à l’église puis aux manèges et stands des forains ambulants, du 14 juillet, fête nationale, où après les courses en sac ou à la cuillère, après les concours de vélos fleuris pour les enfants, tout le monde se trouve sur la place pour danser au son de l’accordéon.
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