Aimer jusqu'au bout de son âge: Accepter le vieillissement sans renoncer à sa sexualité

Le vieillissement de la population général est un fait nouveau dans l’histoire de l’humanité. Nous vieillissons, nos corps vieillissent, mais nos cœurs, nos désirs et nos attentes restent les mêmes : aimer jusqu’au bout de notre âge pour nous sentir toujours vivants et jusqu’au dernier de nos jours.

 




Aimer jusqu'au bout de son âge: Accepter le vieillissement sans  renoncer à sa sexualité
La baisse de la natalité et le recul de la mortalité nous installent progressivement dans un paysage démographique profondément remanié où, en France, par exemple, 20 millions d’hommes et de femmes sont aujourd’hui âgés de plus de 50 ans, soit un Français sur trois (Insee, 2005). Toujours en France, il naît aujourd’hui un bébé toutes les 41 secondes, alors que l’on y compte un senior de plus toutes les 37 secondes (Insee, 2002).
En Occident, les plus âgés sont de plus en plus nombreux, et le sont de plus en plus longtemps. Les hommes et les femmes de plus de 60 ans ont aujourd’hui encore plus du tiers de leur vie devant eux. Comment la vivront-ils ? Avec ou sans sexualité ?

Les freins à la sexualité des plus âgés
Les freins à la sexualité des plus âgés ne manquent pas et sont nombreux à pouvoir venir l’entraver, la ralentir, la perturber, voire la rendre impossible.

Le vieillissement sexuel

Le vieillissement inscrit profondément en nous des modifications de fonctionnement qui peuvent révéler tout autant de limites progressives à notre sexualité. Avec le temps, nos horloges biologiques semblent s’accélérer et installent de manière inéluctable dans le corps qui vieillit un déficit de plus en plus profond, sensoriel et moteur. L’altération progressive des cellules neurologiques et vasculaires entraîne globalement un émoussement sensoriel plus ou moins rapide selon les individus, avec la diminution de l’ouïe, de la vision, des cinq sens et d’une diminution de la capacité de perception des signaux sexuels.

Une étude récente signale une redistribution avec l’âge des stimuli permettant l’excitation. L’odorat voit son rôle décliner de moitié dans le déclenchement de l’excitation (30 % pour les 35-39 ans, et 15 % pour les plus de 70 ans). Il en est de même pour l’ouïe (12 % de 35 à 39 ans et 6 % après 70 ans). En revanche, la vue reste un sens très « déclencheur » de l’excitation, sans modification avec l’âge, y compris chez les plus âgés, et dans les deux sexes (Colson, 2006).

Avec le temps, on observe généralement une diminution à la fois de la perception des stimuli sexuels et de la réponse sexuelle par les organes effecteurs, chez l’homme comme chez la femme, comme cela avait déjà été objectivé par Masters et Johnson en 1966. Le niveau du seuil d’excitation, permettant le déclenchement des réactions sexuelles, s’élève au fil du temps, et chez l’homme, la période réfractaire entre deux orgasmes s’allonge régulièrement avec l’âge. Les réactions sexuelles dans les deux sexes ne disparaissent pas, mais elles sont comme amorties, décalées dans le temps.

Chez la femme, les signes visibles de la ménopause marquent l’arrêt brutal de la fonction reproductive. Chez l’homme, rien d’aussi spectaculaire, mais la diminution des androgènes a commencé dès l’âge de 20 ans avec la baisse d’activité testiculaire et cortico-surrénalienne et va s’accentuer au fil du temps.

De récentes études ont bien démontré l’importance des troubles de la sexualité après 60 ans, ce qui semble aller dans le sens d’une limite d’âge pour la sexualité, en tout cas chez les hommes. Les troubles de l’érection augmentent nettement avec l’âge. 34 % des hommes entre 60 et 69 ans en souffrent, pour 53 % entre 70 et 79 ans (Braun, 2000). Il existe encore peu de recherches chez les hommes de plus de 80 ans, mais une étude de cohorte australienne donne 81 % de troubles de l’érection chez les plus de 80 ans (Pinnock, 1999).

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Marie-Hélène COLSON