Sexualité après l'accouchement: II n’y a plus d’avant ?

Sexualité accouchement:

Elles parlent… En introduction à ces quelques réflexions sur la sexualité du post-partum, je voudrais rapporter ces deux propos de patientes rencontrées en consultation dans les mois suivant leur accouchement. Evoquant sa sexualité depuis la naissance de son premier enfant, au terme d’un accouchement dit normal, l’une lâche sur un ton sentencieux : « Il faut que je réapprenne. » Quant à la seconde, elle arbore sur sa sexualité modifiée un regard étonné, le sourire en coin, pour dire : « C’était pourtant la même maison, mais on avait changé les murs !

Depuis le plus pudique « tout va bien, merci ! », jusqu’au « plus du tout… », en passant par le « plus comme avant » ou bien « c’est douloureux, et parfois impossible », les rencontres cliniques, ce que j’entends lors des consultations, donnent à penser, et ce n’est pas soutenir un paradoxe, que la sexualité après l’accouchement est loin de rejoindre le cours d’un long fleuve tranquille.
Certes, le sujet n’est pas simple à aborder et on peut même avoir l’impression qu’il est devenu presque tabou, au point de faire battre le consultant gynécologue en prudente retraite. S’il paraît souvent plus compliqué qu’on pourrait le penser de prime abord, est-ce, entre autres, parce qu’ils ne sont plus deux, mais bien trois, depuis l’arrivée pourtant souhaitée et attendue de ce bébé ? En pratique, il y a beaucoup de difficultés sexuelles, tant dans le post-partum précoce (il n’y a pas de risque à l’affirmer) que dans le post-partum lointain (ce qui est rarement souligné).

On observera des troubles du désir sexuel, des troubles de l’excitation sexuelle, des troubles de l’orgasme, et enfin des rapports sexuels douloureux appelés dyspareunies. J’aimerais mettre l’accent sur la très fréquente intrication des symptômes qui font le contenu de la plainte de ces patientes, comme la survenue de douleurs lors des tentatives de rapport sexuel, qui entraînera volontiers des troubles de l’excitation, mais aussi à la longue une baisse du désir qui pourra confiner à une totale absence de désir.
Cette possible intrication ne simplifie pas la démarche diagnostique du consultant. Il risque parfois de s’engager dans la prise en charge d’une conséquence symptomatologique, alors qu’il en omet ou oublie la cause. Elle souligne l’intérêt d’une écoute attentive, patiente et prolongée, voire répétée, de la femme ou du couple, car l’expérience et la pratique nous font dire : « Même si elle ne le dit pas de façon explicite, la patiente, elle, sait. »

Ce qu’on peut remarquer, quand on reçoit la plainte de ces femmes ou de ces couples, c’est que « les conditions de l’amour ne sont pas réunies », et que ce qui constitue l’enjeu de la sexualité après une naissance, c’est la capacité non seulement de la femme mais aussi du couple à faire face au changement.

Les questionnements étiologiques vont se déployer sur un éventail allant de l’organique pur (tout du moins en apparence) au psychique pur, en passant par des tableaux à l’allure mixte, psychosomatique ou somatopsychique, qui constituent sûrement les situations les plus compliquées à élucider. De façon très arbitraire, et beaucoup trop tranchée, nous serons donc amenés à examiner d’abord la part de l’organique, puis celle du psychique.

Pour lire la suite ...

 
Nathan Wrobel