Le diagnostic de la fibromyalgie: Un patient informé se soigne mieux

fibromyalgie


Le diagnostic permet de mettre des mots sur les maux et d’éviter des erreurs par insuffisance ou par excès qui sont décisives pour l’avenir.

 

En 1904, Sir William Gowers proposait de définir un état douloureux musculosquelettique diffus chronique par le terme de fibrosite (fibrositis). Le mot fibromyalgie est né en 1976 sur une proposition du Dr Hench en remplacement de la fibrosite. D’autres dénominations comme syndrome polyalgique idiopathique diffus (SPID), fibromyosite nodulaire, myofasciite, neurofibrosite, myalgie idiopathique, rhumatisme idiopathique, rhumatisme psychogène, myalgie allergique ont aussi été proposées puis abandonnées.
Après plusieurs définitions japonaises, françaises  ou américaines, un consensus s’est établi autour des critères fixés en 1990 par l’American College of Rheumatology (ACR). En 1992, la définition officielle fait l’objet de la déclaration consensuelle  de Copenhague. À cette occasion, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) l’incorpore à la classification internationale des maladies.

Cette définition n’exclut pas l’existence d’autres maladies comme la polyarthrite rhumatoïde. On parle donc de fibromyalgie primaire si le syndrome est isolé ou de fibromyalgie secondaire si le syndrome survient à la suite ou pendant une autre maladie comme la polyarthrite.

Un diagnostic peut en cacher un autre

Il n’y a pas si longtemps ce diagnostic pouvait n’aboutir qu’après cinq voire dix années d’errance médicale. Aujourd’hui, le délai s’est raccourci et se situe plus souvent entre 1 et 5 ans. Avec la médiatisation de cette affection, on a vu apparaître des diagnostics par excès, en particulier quand ils sont faits sans examen clinique. Certains semblent penser que toutes les affections douloureuses chroniques  sont des formes de fibromyalgie. Pour d’autres patients, l’étape diagnostic se limite à l’identification des douleurs selon les critères de l’ACR. On risque alors de méconnaître une autre affection entraînant de retarder l’identification d’affections plus graves, tout au moins en matière d’espérance de vie. Le caractère évolutif doit impérativement faire rechercher une autre affection.

Même si le patient peut connaître des hauts et des bas, en cas de fibromyalgie, l’état est en moyenne stable. Perte de sensibilité ou de force musculaire, rougeur et chaleur locale, tuméfaction sont autant de signes révélateurs d’autres maladies.

Le diagnostic de fibromyalgie n’est donc pas une fin en soi. Il est important de définir l’absence ou la présence de certaines affections qui nécessitent un traitement qui leur est propre.

Dr Philippe TOURNESAC